A-Infos (fr) Alternative Libertaire #357 (UCL) - Big Tech: Le grand capital au service du fascisme

Google, Apple, Facebook (désormais Meta), Amazon et Microsoft, également 
connues sous l'acronyme GAFAM, sont cinq des plus grosses firmes 
états-uniennes en termes de capitalisation boursière au niveau mondial. 
Ces entreprises du capitalisme de surveillance, dites Big Tech, 
proposent des plateformes qui ont réussi à s'imposer comme des outils de 
communication incontournables ces dernières années. ---- Le capitalisme 
de surveillance se nourrit des données personnelles produites lors de 
l'utilisation de ces plateformes[1]. Jusqu'à présent, cela a poussé à 
mettre en avant le contenu qui fait le plus réagir : cela a ainsi 
participé à la propagation de désinformations, y compris sur des enjeux 
cruciaux de santé publique ou de démocratie. Le capital choisit toujours 
le profit au détriment de tout le reste. Nous rappelions déjà cela lors 
du rachat de Twitter par Elon Musk fin 2022[2].

Influencer les débats et l'opinion publique

Avec la montée du fascisme, dont le retour de Donald Trump au pouvoir de 
la première puissance mondiale est l'un des symptômes, on observe ces 
derniers temps une accélération du rapprochement inévitable entre la 
technopolice et le capitalisme de surveillance, c'est-à-dire entre 
fascisme et grand capital. Il est aujourd'hui ouvertement admis par 
leurs dirigeants que ces plateformes ne servent plus seulement à faire 
du profit, mais également à influencer les débats et l'opinion publique 
au service de leurs détenteurs et du pouvoir en place. Que ce soit X 
avec Elon Musk, ou Meta (Facebook, Instagram, Threads, WhatsApp) avec 
Mark Zuckerberg, le revirement de ces dernières semaines est clair: ces 
plateformes, et donc la curation algorithmique du contenu mis en avant 
autant que la modération qu'elles mettent en oeuvre, sont désormais au 
service politique de Trump aux États-Unis[3], de l'AfD en Allemagne[4], etc.

Quittons les réseaux des Big Tech

À la manière des grands groupes de presse et conglomérats médiatiques 
possédés par quelques milliardaires dont les projets politiques 
fascisants voir fascistes ne font plus de doute, la question ne se pose 
a priori plus pour nos organisations militantes: il faut quitter ces 
réseaux. Même si nous y étions invité·es, nous refuserions d'intervenir 
sur Cnews pour deux raisons principales: le traquenard médiatique et le 
refus d'apporter de la visibilité au reste de ce qui y est diffusé. Ces 
deux raisons sont similairement valables aujourd'hui sur X.

D'une part, ce sont les messages de nos adversaires politiques qui sont 
mis en avant, y compris quand iels nous répondent, que ce soit à travers 
la curation algorithmique de la plateforme ou par sa pratique de la 
modération[5]. D'autre part, les personnes qui viennent y chercher notre 
contenu sont désormais systématiquement exposées à du contenu d'extrême 
droite qui est de plus en plus poussé par la plateforme en particulier 
aux nouveaux comptes. En Allemagne, la semaine qui a suivi l'annonce du 
soutien de Musk au parti d'extrême droite néonazi, les tweets des 
parlementaires AfD, favorisés par l'éditorialisation algorithmique de la 
plateforme, ont amassés 15 fois plus de vues que ceux des autres partis[6].

Pour ces raisons, nous appelons à quitter X, si ce n'est pas déjà fait, 
et à rejoindre le fédivers[7]et ses alternatives libres et 
anti-autoritaire telles que Mastodon en remplacement de X, Pixelfed au 
lieu d'Instagram, PeerTube plutôt que YouTube, etc.[8]. Un mouvement 
massif de départs de la plateforme rachetée par Musk, fédéré notamment 
autour de l'initiative HelloQuitteX[9]à laquelle ont participé de très 
nombreuses personnes ainsi que des organisations et des médias, a eu 
lieu autour du 20 janvier. La date avait été choisie symboliquement, car 
c'était le jour de l'investiture de Trump. Ce jour-là, comme pour 
parachever le rapprochement décrit au début de cet article (rédigé avant 
le 20 janvier), Musk a fait à deux reprises des saluts nazis à la foule 
venue assister à l'événement... Une raison sans équivoque, s'il en 
fallait encore une, de la nécessité de quitter X et de se réapproprier 
des espaces d'échanges réellement démocratiques.

Pablo (UCL Saint-Denis) et Céline (UCL Lyon)

Notes:
[1]« Économie de la donnée: si c'est gratuit, c'est toi qui produis ? », 
Alternative libertaire no 297, septembre 2019.
[2]« Réseaux sociaux: comparaison tout à fait partiale entre Twitter et 
Mastodon », Alternative libertaire no 334, janvier 2023.
[3]« Aux États-Unis, Facebook et Instagram autorisent les LGBTphobies 
sans modération », dossier « Donald Trump, un retour en force », 
Mediapart, 9 janvier 2025.
[4]« Elon Musk fait l'éloge du parti allemand d'extrême droite AfD, dans 
un entretien avec sa dirigeante sur sa plateforme X », Francetvinfo, 10 
janvier 2025.
[5]Et cela va jusqu'à la casse des outils individuels de modération et 
de protection contre le harcèlement: le blocage d'un compte sur X par 
exemple ne l'empêche désormais plus de voir votre contenu, de vous 
citer, etc.
[6]Post de Curd Knüpfer sur Bluesky, 9 janvier 2025.
[7]« Réseau: comprendre le fédiverse », Alternative libertaire no 300, 
décembre 2019.
[8]« Le Fédivers est tellement plus grand que Mastodon », Framablog, 11 
novembre 2022.
[9]« Quitter X est un art qui accepte la nuance... », HelloQuitX - Let's 
Quit X together: 
https://helloquittex.com/Quitter-X-est-un-art-qui-accepte-la-nuance.html.

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