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(fr) Alternative Libertaire #357 (UCL) - Syrie: Quinze ans de «guerre au terrorisme»

Date Thu, 13 Feb 2025 17:42:13 +0000


Le régime de Bachar Al-Assad a pris fin, mettant un coup d'arrêt à 15 ans de massacres perpétrés avec la complicité de tous les impérialistes au nom de la «guerre au terrorisme». Il est temps de s'unir pour la remettre en cause et dépasser les divisions politiques nées autour du conflit. ---- Il y a 4 ans, Bachar Al-Assad semblait gagner son pari et sortir victorieux de la guerre civile syrienne, grâce à un calcul politique fin, jouant des rivalités internes et externes: d'une part en se présentant comme protecteur des minorités alaouites ou chrétiennes contre le djihadisme, de l'autre en jouant des rivalités entre son allié russe et les occidentaux, les amenant à tous coopérer avec lui dans la guerre contre Daesh. C'est ainsi que Bachar Al-Assad a justifié la répression de la révolution syrienne au nom de la guerre contre le terrorisme et au nom de la lutte contre l'islamisme.

Au Moyen-Orient, chaque État et chaque camp impérialiste mène sa «guerre au terrorisme» contre ses ennemis: Israël vis-à-vis de la résistance palestinienne et du Hezbollah, Bachar en direction des révolutionnaires syriens, la Turquie en direction des mouvements kurdes. Les mouvements de résistance armée, au-delà de leur idéologie, sont pris dans les agendas impérialistes et se voient contraints de dépendre, avec plus ou moins d'autonomie, des États et impérialismes rivaux de leurs «ennemis principaux» pour se fournir en armes ou obtenir un soutien militaire et politique. Ils se retrouvent dès lors pris en tenaille entre alliance et vassalisation: les révolutionnaires syriens avec la Turquie, le Hezbollah avec l'Iran et le régime syrien, la gauche kurde avec la coalition internationale. Percevoir les enjeux n'est pas simple: les groupes armés sont-ils devenus de la chair à canon pour les États, voire de quasi-mercenaires? Si les vassalisations existent, elles ne peuvent résumer à elles seules les raisons amenant des populations à entrer en lutte armée. Cette vision paternaliste invisibilise les enjeux sociaux, politiques voire idéologiques de ces mouvements. Cette complexité est aggravée ici par des grilles de lecture coloniales d'un conflit résumé à de simples rivalités ethniques et religieuses, polluées également par le manichéisme de la propagande occidentale qui désigne les bons et les mauvais (kurdophilie orientaliste et opportunisme de Bernard-Henri Levy ou Caroline Fourest, défense identitaire des «chrétiens d'orients» entre autres par l'extrême droite justifiant ainsi le soutien au régime syrien).

La gauche française et le conflit syrien

Quel bilan politique tirer de la révolution syrienne, pour nous ici? Bachar a finalement perdu son pari: sa sauvegarde due à ses alliances russo-iraniennes n'a tenu qu'aussi longtemps que ses alliés externes tenaient. La Russie occupée en Ukraine et le Hezbollah occupé par l'agression sioniste, il n'y avait plus personne pour soutenir le tyran en interne. Résultat, il est tombé ridiculement en quelques jours dans la liesse populaire. Il y eu des soutiens de gauche au maintien en place du régime syrien, du fait de son appui à la résistance palestinienne et libanaise, mais certains aussi par islamophobie et alignement sur la coalition internationale (comme quasiment toute l'extrême droite). La tendance dominante dans la gauche française a été, à partir de 2015, le nécessaire soutien apporté à la gauche kurde et son projet de confédéralisme démocratique. Mais cela est devenu l'unique enjeu, écrasant le reste et conduisant la gauche française à délaisser la révolution syrienne perçue comme essentiellement récupérée par les islamistes. Elle a pourtant été elle aussi créatrice d'expériences révolutionnaires alternatives comme l'auto-administration d'Alep, entre 2012 et 2016, avant que la ville ne retombe entre les mains du régime[1]. Avoir un prisme essentiellement idéologique de la révolution syrienne est ainsi problématique et peut conduire au même manichéisme que celui de nos États, le même qui conduit la gauche à avoir des difficultés à soutenir la résistance Palestinienne en raison de la composante islamiste de celle-ci. S'il était indispensable de soutenir les kurdes, il faut en faire de même pour les révolutionnaires syriens.

La nouvelle phase dans laquelle nous entrons amène de nouvelles tensions. La Turquie et Israël ont d'ores et déjà avancé leurs prédations en territoire syrien. Les prochains mois dépendront beaucoup des choix de HTS soit de respecter les différentes composantes de la population syrienne et ses aspirations démocratiques et sociales, soit d'une fuite en avant autoritaire et intégriste. Dans les deux cas, il s'agit de sa capacité à préserver le territoire syrien des ingérences et calculs impérialistes. Un chantier de taille qui demande aussi notre soutien aux composantes progressistes de la révolution syrienne.

Une évolution normale des états

Ce conflit pose des questions stratégiques. Comment se positionner quand des populations aux aspirations et aux résistances légitimes semblent s'opposer à des acteurs peu fréquentables, tout en respectant les choix qu'ils estiment nécessaires depuis un terrain où ils risquent leurs vies? Est-il possible, par exemple, de soutenir la résistance libanaise face à Israël, incarnée par le Hezbollah, tout en dénonçant ce dernier quand il sauve le régime de Bachar? Aussi inconfortable que ce soit politiquement, c'est ce qu'il faut faire. Nous ne pouvons que soutenir les tentatives populaires de mises en échec des États et leurs bras armés et développer des «syndromes vietnamiens» afin que chaque échec et embourbement dissuade l'agresseur impérialiste de recommencer, ou d'autres de l'imiter[2].

Nous pouvons également cibler le système qui a permis le développement de ces guerres et des répressions qui en découlent: la guerre contre le terrorisme. Tous les impérialismes et tous les États ont en commun cette doctrine, véritable système impérialiste et contre-révolutionnaire et courroie de fascisation de nos sociétés. Cette doctrine est une évolution normale des États, suite logique des lois scélérates qui visaient les anarchistes ou la répression des luttes anticoloniales en France. Il faut dépasser les divisions du camp anti-impérialiste et cibler ici les mécanismes politiques, juridiques et matériels de la «guerre au terrorisme», comme d'une certaine façon la campagne BDS[3]le permet. La France s'est impliquée militairement dans plus de 11 pays ces 20 dernières années, sans grande réaction de la gauche. Ces guerres contre les peuples, lorsqu'elles sont tolérées, peuvent s'étendre partout.

Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)

Notes:
[1]Un siège brutal et des bombardements incessants provoquant 21 000 morts civils et une destruction quasi-totale d'une partie est de la ville, menant à une défaite militaire importante pour la révolution syrienne. « Que se passe-t-il dans le nord-ouest de la Syrie ? », La Cantine syrienne de Montreuil, le 2 décembre 2024.
[2]Gilbert Achcar, « L'anti-impérialisme aujourd'hui et la guerre en Ukraine. Réponse à Stathis Kouvélakis », Contre-temps, 9 mars 2022.
[3]Pour « Boycott, désinvestissement et sanctions », campagne qui vise à exercer des pressions contre l'État d'Israël pour qu'il cesse son occupation ainsi que les massacres en Palestine.

https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Syrie-Quinze-ans-de-guerre-au-terrorisme
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