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(fr) Alternative Libertaire #357 (UCL) - Tuto anti-répression : Comment disparaître des fichiers de l’Etat ?
Date
Mon, 10 Feb 2025 18:44:10 +0000
Depuis plusieurs années, les militant·es font face à une répression
accrue par les forces de police et de justice... On n’est plus étonné·es
d’entendre qu’un·e camarade est en garde à vue (GAV), que d’autres ont
passé trois heures nassé·es ou sont convoqué·es au tribunal. Cette
répression s’accompagne d’une multiplication des occasions de se
retrouver dans les fichiers de la police et de la justice. Petit guide
pratique pour en faire supprimer nos traces. ---- Alors que la crise du
capitalisme s’intensifie, l’ordre bourgeois ne peut plus être maintenu
par le simple consentement des personnes, et la répression autoritaire
et violente devient nécessaire. Cette inflation répressive est passée
par la (re)mise au goût du jour de certaines pratiques policières et le
développement de nouveaux outils pénaux comme le fameux délit de «
groupement en vue de commettre des violences » qui sert à arrêter à peu
près n’importe qui.
Mais pour être opérants, les services de l’État ont également besoin
d’effectuer un fichage de plus en plus intensif de la population, et des
militant·es en particulier. Cela se manifeste par le développement de
davantage de fichiers, de leur champs d’application, de la quantité de
données qu’ils contiennent et leur durée de conservation.
Ce fichage de masse des militant·es, loin d’être anodin, est un vrai
danger individuel et collectif. Individuel d’abord, en augmentant le
risque d’avancer dans la chaîne pénale lors d’une prochaine arrestation
(on peut supposer que des policiers auront plus de volonté de vous
amener en GAV si la reconnaissance faciale montre que vous êtes déjà
présent·es dans les fichiers de police). Collectif ensuite, en
permettant aux services de police et de renseignement de mieux maîtriser
la cartographie militante, les liens interpersonnels, et donc
d’améliorer leur répression des mouvements sociaux qui cherchent à
renverser l’ordre social.
Ce phénomène est d’autant plus inquiétant en ce moment que l’avenir
politique est particulièrement incertain, et qu’on ne sait pas entre
quelles mains ces informations vont tomber. Pour se prémunir autant que
possible du pire, il s’avère nécessaire de se soustraire aux fichiers de
la police et de la justice et ainsi tenter de limiter les dégâts en cas
d’accession des partis fascistes au pouvoir.
L’objectif de cet article est donc de vous donner quelques pistes pour
vous mettre en mouvement pour réaliser cet effacement. Le format étant
restreint, il renvoit à des sources extérieures permettant de compléter
vos demandes (modèles de lettres …). Ces procédures étant
particulièrement longues et pénibles, il est fortement recommandé
d’organiser des ateliers collectifs !
Identifier les fichiers qui pourraient vous concerner
Les fichiers étatiques sont tentaculaires. Pas un seul élément de notre
vie ne leur échappe [1]. On s’intéresse ici uniquement aux fichiers de
la police et de la justice. Cet article n’aborde pas les fichiers de
renseignement (fichiers des personnes recherchées, fichiers de
prévention des atteintes à la sécurité publique...) vu la faible chance
d’obtenir des réponses positives à nos demandes. Cependant, il reste
important de continuer à demander l’accès à ces fichiers et leur
effacement [2]. Pour pouvoir identifier les fichiers dans lesquels vous
pourriez être présent·es, listez toutes les situations où vous avez pu
être en contact avec la police ou la justice.
Le TAJ, 19 millions de fiches
Le Traitement d’antécédents judiciaires (TAJ) est le fichier le plus
massif. Il est commun à la police et à la gendarmerie et regroupe
quasiment 19 millions de personnes mises en cause, et plus encore de
victimes. Cela représente plus d’un quart de la population française.
Vous êtes présent·es dans le fichier si vous avez été suspecté·es
d’avoir commis une infraction en tant qu’auteur·ice ou complice, ou en
tant que victime de l’infraction. Vous y êtes automatiquement en cas de
GAV (même si vous êtes sorti·es sans poursuites) et peut-être même
simplement après un contrôle d’identité. Vous pourriez être dans le TAJ
sans le savoir et découvrir en demandant accès au fichier qu’une
enquête préliminaire vous concernant est en cours. Vous avez hâte ?
Les informations contenues dans le fichier sont extrêmement vastes.
Celui-ci peut contenir : identité, surnom, alias, situation familiale,
filiation, nationalité, adresses, adresses de messagerie électronique,
numéros de téléphone, date et lieu de naissance, profession, état de la
personne… Et pour les mis·es en cause, leur signalement et des
photographies, notamment pour recourir à un dispositif de reconnaissance
faciale. Par défaut, ces données sont conservées vingt ans.
Le FAED et le FNAEG : biométrie pour toustes
6,2 millions de personnes sont enregistrées dans le Fichier automatisé
des empreintes digitales (FAED) et 2,9 millions dans le Fichier national
automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) – dont une partie
d’empreintes non identifiées. C’est quasiment 10% de la population. On y
retrouve toutes les personnes qui ont donné leurs empreintes digitales
et palmaires (FAED) ou leur ADN (FNAEG) ou à qui on les a prises de
force dans le cadre d’une procédure judiciaire. Ces informations sont
conservées vingt-cinq ou quarante ans pour le FNAEG, vingt-cinq ans pour
le FAED.
Les services de police et de gendarmerie ont l’autorisation d’effectuer
une recherche d’identité à partir d’une empreinte digitale ou d’un ADN
inconnu dans le FAED et le FNAEG. Par exemple, si une empreinte digitale
est retrouvée sur une bombe de peinture ayant servi à décorer nos rues
d’un joli tag, la police a l’autorisation de comparer cette empreinte
avec toutes celles déjà contenues dans le FAED pour identifier
l’éventuel·le auteur·ice du dit tag.
CASSIOPEE
Poursuivons notre avancée dans la chaîne pénale. Le contrôle d’identité,
la GAV, la prise d’empreintes : vous voilà maintenant entre les mains du
système judiciaire. Et CASSIOPEE fait son entrée. C’est un fichier qui
permet le suivi des procédure judiciaires. Il est alimenté par les
logiciels de rédaction des procédures de la police (LRPPN) et de la
gendarmerie (LRGPN) mais ne peut pas être consulté par eux. Il n’est
accessible qu’au personnel judiciaire (juges, avocats, éducateurs de la
PJJ…). Les données y sont conservées entre dix et trente ans selon si on
a été condamné·e et le type d’infractions.
Casier partout, justice nulle part
Pas de bol, vous avez été condamné·es. Mettre le feu au tribunal ne
permettra malheureusement pas de brûler les fichiers. Il faut donc
faire autrement et accéder au Casier judiciaire national automatisé
(CNJA). Il se divise en trois parties : B1, B2 et B3.
Le B1 contient toutes les peines auxquelles vous avez été condamné·es,
ainsi que les ordonnances, compositions pénales et comparution sur
reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) ; il n’est effaçable que
pour les personnes de moins de 21 ans.
Le B2 contient les même éléments, à l’exception des peines légères et
des peines dont le sursis est expiré, et de celles dont le juge a
explicitement accordé la non inscription au B2. Il est accessible pour
certains employeurs. Si vous n’avez pas demandé au moment du procès la
non inscription de votre condamnation au B2, il est possible de le faire
six mois (ou plus) après le jugement.
Enfin, le B3 contient les même éléments que le B2 à l’exception des
peines de moins de deux ans de prison. Il n’est consultable que par
soi-même mais n’importe quel employeur peut en demander une copie au
moment de l’embauche. Il est possible de demander sa suppression avant
le délai de quarante ans réglementaire. Pour toute demande concernant
votre casier B2 ou B3, faites vous accompagner d’un·e avocat·e. Les
avertissements pénal probatoires (anciennement rappels à la loi) ne sont
pas inscrits au casier judiciaire, uniquement au TAJ.
GendNotes, le Pronote des gendarmes
GendNotes est un logiciel de prise de note utilisé par les gendarmes.
Ils peuvent y consigner absolument toutes les informations personnelles
vous concernant, dont des photos, vos opinions politiques, votre «
origine raciale » et même vos appartenances syndicales. Une fois
collectées, ces données sont accessibles par les gendarmes, mais aussi
par les préfets et les maires ! Les données y sont conservées au maximum
un an.
Vers l’effacement de votre présence dans les fichiers
Une fois une liste de fichiers potentiels constituée, la procédure
d’effacement se déroule en trois étapes, parfois quatre !
1. Exercer son droit d’accès au fichier auprès de l’autorité
compétente. Une réponse est attendue dans les deux mois ;
2. Demander l’effacement ;
3. En cas de refus ou d’absence de réponse dans les deux mois, un
recours peut être réalisé dans un délai d’un mois auprès de l’autorité
compétente (attention, délais différents pour certains fichiers, c’est
précisé) ;
4. Vérification : il est conseillé de réitérer la première étape
quelques semaines après l’accord de l’effacement pour vérifier qu’il est
effectif !
Modèle de lettre pour demander l’accès aux fichiers FAED et FNAEG.
Hélas, les autorités compétentes varient suivant les fichiers, il faut
donc renouveler l’opération pour chaque fichier (voir la colonne
ci-contre). Notez aussi qu’il ne faut pas réaliser les demandes
immédiatement après les faits. Un délais de quelques mois est parfois
nécessaires pour que vous apparaissiez effectivement dans les fichiers.
Une demande réalisée trop tôt peu amener une réponse faussement
négative. De même, inutile de demander l’effacement pour des procédures
en cours, il sera systématiquement rejeté. Enfin, avoir été arrêté·e
plusieurs fois peut mener à plusieurs mentions dans un même fichier. Il
faut alors généralement demander l’effacement pour chaque mention de
manière spécifique, parfois auprès d’autorités différentes (par exemple
auprès de plusieurs procureurs).
Prévoyez un petit budget, car les demandes doivent systématiquement être
adressées par courrier recommandé avec accusé de réception. Il faut y
mettre une lettre [3] qui explique votre demande avec une copie de
votre pièce d’identité. Organisez-vous à plusieurs pour vous faciliter
la tâche et augmenter votre motivation pour aller au bout des démarches !
Camille (sympathisante UCL)
++++
Petit annuaire du défichage
Chaque fichier demande d’envoyer des demandes de consultation et de
suppression et ses recours à des adresses spécifiques. Voici celles des
fichiers évoqués :
TAJ
Consultation et demande d’effacement au ministère de l’Intérieur, Place
Beauvau, 75008 Paris. Recours : Commission nationale de l’informatique
et des libertés (CNIL), 3 place de Fontenoy, 75007 Paris. Attention :
demandez clairement à obtenir une copie des photos et à les inclure dans
la demande d’effacement. Si vous avez été condamné·es avec inscription
au B2 (casier judiciaire), il faut d’abord réaliser la demande
d’effacement du B2 avant l’effacement du TAJ.
FNAEG et FAED
Consultation : Service central de la Police technique et scientifique,
31 avenue Franklin Roosevelt, 69134 Ecully cedex. Effacement : auprès du
procureur de la République du tribunal judiciaire compétent pour votre
domicile ou, pour le FNAEG, du lieu où a eu lieu le prélèvement. Pour
les personnes condamnées, un délai après la condamnation doit être
respecté avant la demande (3, 7 ou 10 ans selon le type d’infraction).
Recours : doit se faire dans les dix jours qui suivent le refus ou en
l’absence de réponse dans un délai de trois mois et dix jours après la
réception de la demande, auprès du Juge des libertés et de la détention
(JLD) du tribunal de votre domicile. À ce stade, mieux vaut se faire
aider par un·e avocat·e. Et cas de nouveau refus ou d’absence de réponse
sous deux mois du JLD, un nouveau recours peut être effectué auprès du
Président de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel.
CASSIOPEE
Consultation et effacement : procureur de la République de votre
domicile. Recours : devant la CNIL ou devant le JLD puis, en dernier
recours, la Chambre de l’instruction.
GendNotes
Consultation et effacement : Direction générale de la Gendarmerie
nationale, 4 rue Claude Bernard, CS60003, 92136 Issy les Moulineaux cedex.
++++
Prévenir les évolutions de la loi : le cas du TES
À ce jour, la recherche d’identité à partir de photos ou d’empreintes
digitales n’est possible respectivement que dans le TAJ et le FAED. Mais
les Titres électroniques sécurisés (TES) pourrait à l’avenir servir à
cela également. Créé sous François Hollande, ce fichier regroupe toutes
les informations recueillies au moment de réaliser des cartes d’identité
et des passeports, y compris les photos et empreintes digitales.
Aujourd’hui le fichier n’est pas utilisable pour une recherche
d’identité par reconnaissance faciale ou comparaison d’empreintes
digitales, mais l’infrastructure technique existe et une simple
évolution de la loi par décret pourrait rendre cette recherche possible.
Par ailleurs, il semblerait que les forces de l’ordre exploitent les
photos présentent dans les TES pour les utiliser dans des fichiers qui,
eux, autorisent la reconnaissance faciale, comme le TAJ.
Actuellement, le fichier (à l’exception des empreintes digitales) est
accessible à la police et la gendarmerie uniquement dans certains « cas
particuliers », mais leur interprétation peut-être très large. On peut
donc estimer que toutes les activités militantes vaguement
révolutionnaires peuvent aujourd’hui entraîner une recherche dans les
TES et donc peut être demain une recherche avec reconnaissance faciale
ou comparaison d’empreintes digitales.
Il n’est pas possible de demander l’effacement des données contenues
dans les TES et elles sont conservées selon les cas quinze ou vingt ans.
Par contre, il est possible de demander lors d’une prochaine demande de
carte d’identité, que vos empreintes ne soient conservées que 90 jours.
Cette demande ne peut être effectuée QUE au moment de la demande de
carte en mairie. Aucune rectification ultérieure n’est possible. Par
ailleurs, cette possibilité n’existe pas dans le cas des passeports.
Notes:
[1] Voir la carte établie par Le Monde Diplomatique sur la base d’un
premier travail de la Revue Z : « Tous fichés ! », par Cécile Marin
et Jérôme Thorel.
[2] Pour plus d’information sur les fichiers cités dans cette articles
et sur les autres, voir « Les grands fichiers en fiches » sur le site
de la CNIL et la brochure « Comment s’extraire des fichiers policiers
» par le collectif Désarmons-les !.
[3] Modèles de lettres parfois dans un format modifiable : « Actions
collectives contre le fichage policier », Paris-luttes.info, 30
septembre 2018. Plus de modèles mais à recopier manuellement : « La
folle volonté de tout contrôler et un atelier collectif pour sortir des
fichiers », Rebellyon.info,8 décembre 2021.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Tuto-anti-repression-Comment-disparaitre-des-fichiers-de-l-Etat
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