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(fr) Courant Alternative #347 (OCL) - Le lithium lutte locale ? Extractivisme lutte globale !
Date
Mon, 10 Feb 2025 18:43:59 +0000
Une lutte locale qui ne se projette pas sur une compréhension globale de
la société capitaliste est une lutte rétrécie à un mot d’ordre : « Pas
chez-nous ! » Ce nationalisme de basse intensité inaugure celui des
temps à venir. Une frange des capitalistes est nationaliste, si leurs
intérêts profitables ne sont pas délocalisables. L’autre frange est
multinationale en adéquation avec le maintien de leurs taux de profits
globalisés. Ces deux franges du capitalisme en conflictualité se
rejoignent, pour mener une guerre de classes à l’ensemble des exploités,
par la misère, les guerres, les famines et par l’accaparement de tout ce
qui est nécessaire à notre survie. ---- Le lithium, une lutte locale ?
---- L’annonce de l’ouverture de mines de lithium en Europe devait
répondre à deux impératifs, le premier étant l’électrification des
transports, aujourd’hui hydrocarburés, sous couvert de « transitions »
énergétique et écologique, le second pour la souveraineté de l’Europe
vis-à-vis des concurrences internationales.
Reprenons cette fameuse transition énergétique, une énième transition
nous est annoncée alors que, selon Jean-Baptiste Fressoz (1), aucune
transition énergétique n’a eu lieu pendant la phase capitaliste de notre
histoire. Le charbon n’a jamais remplacé le bois, bien au contraire,
l’exploitation du bois n’a fait que s’accroître, ne serait-ce que par la
nécessité du boisage dans les mines de charbon. Le pétrole n’a jamais
remplacé le charbon, parce que la production de l’acier nécessite
toujours du charbon, et ainsi de suite. Cette transition annoncée n’est
dans les faits qu’une addition ; nous aurons à la fois l’exploitation du
bois, du charbon, du pétrole, du gaz et ce nouvel eldorado qu’est
l’électricité.
Pour ce qui est de la transition « écologique », comme le dit un slogan
« L’écologie sans lutte de classes n’est que du jardinage » devrait
retenir toute notre attention. En effet certains écologistes nous
opposent l’argumentaire suivant, que nous devons prendre notre part de
responsabilité sur le changement climatique, sous-entendu que nous
devons accepter l’ouverture de mines dans nos contrées. Mais de quoi
nous parlent-ils ? Entendent-ils par cet argument que cela épargnerait,
voire annulerait, la déferlante minière de par le monde ? Nous pensons
le contraire, l’ouverture de mines dans nos contrées ne viendrait que
s’ajouter à celles déjà en exploitation et celles en projet sur
l’ensemble des continents et des océans. L’évocation du "Ni Ici, Ni
Ailleurs" en lui adjoignant "et son monde", sous-entendu l’organisation
économique capitaliste de la société, pointe non pas sur notre
responsabilité individuelle, mais sur celle des tenants des moyens de
production et du capital que sont les bourgeoisies à travers le monde.
La transition écologique comme la transition énergétique n’aura pas
lieu, seule une fuite en avant de l’exploitation des matières premières
nous est imposée, préambule à une nouvelle restructuration du
capitalisme, nécessitant toujours plus de destructions à l’échelle du
monde. Le CO2 n’est pas le seul problème, le problème préexistant est
l’accumulation du capital pour des intérêts particuliers. Tant que nous
ne nous poserons pas les bonnes questions, la transition écologique
restera un leurre. Nous aurons la biomasse, le biocarburant, le biogaz,
le bio atomique, le biohydrogène, l’hydraulique, l’éolien, le
photovoltaïque et tous les bio à venir, telle une fuite sans fin vers
toujours plus de profits pour la classe bourgeoise.
La souveraineté nationale, voire celle de l’Europe, peuvent-elles
reposer sur une réalité ? Prenons comme exemple la voiture électrique.
Sa fabrication sous-tend celle de sa batterie qui, nous le savons,
implique l’extraction d’une multitude de minerais, terres rares et
autres métaux. La géologie des sous-sols de l’hexagone, mais aussi celle
de l’Europe ont des trous dans la raquette. Si le lithium est présent,
certes, ce n’est pas le cas pour le cobalt, le nickel, le manganèse,
éléments essentiels pour la batterie ; et n’oublions pas le graphite,
l’aluminium, le cuivre, le plastique, le fer, selon la batterie
utilisée. Alors, souveraineté, faut-il y croire ?
Extractivisme lutte globale !
Ce que nous explique Fabien Lebrun (2) dans son dernier livre, en
prenant comme exemple le Congo (République Démocratique du Congo), d’où
sortent 60 % de minerais extraits de par le monde, est le lien étroit
entre le développement de l’extractivisme et le développement du
capitalisme. Son étude porte sur cinq siècles, de l’esclavage à
l’extraction forcenée des dernières décennies, où les évolutions
technologiques apportent leurs lots de destructions, qu’elles soient
humaines ou environnementales. La RDC est la démonstration de ce que le
capitalisme entraine, la guerre, le viol et la torture, l’exploitation
d’hommes, de femmes et y compris d’enfants, la famine, la pollution de
l’eau et de l’air, la déforestation et l’accaparement des biens communs.
Un des exemples cités nous informe que le téléphone filaire des années
1970 nécessitait l’extraction de dix minerais, alors que le smartphone
d’aujourd’hui en demande cinquante.
Vous nous dites souvent que, « depuis les premiers humanoïdes,
l’extraction des matières premières fut une nécessité pour améliorer nos
vies sur terre » ; cela est vrai, mais cette amélioration profitait à
l’ensemble de l’humanité et non pas comme aujourd’hui à une partie de
celle-ci. Un autre élément non négligeable, nul n’était propriétaire ou
tous l’étaient et, dans les faits, aucun humanoïde n’en exploitait un
autre, chose qui n’est plus d’actualité. Une autre information, lue dans
Wikipédia (3), « L’extraction mondiale annuelle de matériaux est passée
de 27 milliards de tonnes dans les années 1970 à 92 milliards de tonnes
en 2017 ; ce chiffre pourrait plus que doubler avant 2060 » ; puis, «
Selon l’ONU, le développement rapide de l’extraction de matériaux est le
principal responsable des changements climatiques et de la pression sur
la biodiversité ». Donc comparons ce qui est comparable !
L’extractivisme, pierre angulaire de toutes les luttes ? En effet,
celui-ci s’appuie dans la société capitaliste sur la propriété et le
capital, détenus par une minorité d’individus qui exploitent le travail
de la majorité d’entre nous. Pour ce faire, le capitaliste doit acheter
par n’importe quels moyens l’adhésion d’une partie d’entre nous. Que
nous pouvons retrouver dans son armée, sa police, sa justice, sa
politique, son économie, ses médias, ses écoles et chez tous les adeptes
de la grandeur de la nation. L’extraction exponentielle des matières
premières ne profite qu’à l’économie de marché et à son partenaire
industrieux. Pour mener à bien cette politique, l’aménagement
capitaliste des territoires est une nécessité, impliquant une
organisation autoritaire et policière de la société. Le flux mondialisé
de marchandises doit aller de pair avec les moyens de transport. Qui,
eux, sont liés au développement de l’informatisation des moyens de
production et de communication. Pour posséder les matières nécessaires
au maintien voire à l’augmentation de ses taux de profits, le
capitaliste doit soit avoir en son territoire lesdites matières, soit
les rechercher sur d’autres territoires, d’où l’envolée actuelle des
dépenses militaires en prévision des futurs conflits que cela
occasionnera. Les technologies dites « nouvelles » ne sont telles que
parce qu’elles accélèrent la surveillance des populations, essentielle
au maintien de leur exploitation et de leur soumission. Les technologies
numériques englobent toujours plus d’espaces dans la société, que ce
soit pour le transport, la production, la communication et la
surveillance, mais aussi pour l’administration, l’enseignement, la
recherche, la police, la justice, la médecine ; nous pouvons y ajouter
l’armement et l’atomique, qu’il soit civil ou militaire. (Le smartphone
en est l’illustration remarquable ; sa production dans des pays
lointains, puis son transport jusqu’à nous, permettent la communication,
via des antennes relais, vers nos proches, mais aussi vers
l’administration, nous renseignent par nos recherches sur les réseaux
connectés des nouveautés du monde ; par ces mêmes sources, une
automédication reste possible, auxiliaire de police et de justice par
notre autosurveillance, arme de guerre comme nous l’a montré leur
explosion au Proche-0rient et, pour la France, son alimentation en
énergie par une électricité atomisée). Sous couvert de progrès, ces
innovations présentées comme la « dématérialisation » de l’économie,
impliquent pourtant une quantité croissante de matériaux. Le smartphone,
par sa miniaturisation et son faible poids, nous fait oublier que des
centaines de kilogrammes de roches sont extraites pour une infime
quantité de composants participants à sa fabrication. Alors vous avez
dit « dématérialisation » ?
Lutte locale ? Lutte globale !
La lutte locale est l’unité de mesure de compréhension de notre
environnement. Elle permet, par l’addition des forces individuelles, la
réflexion de ce que peut être un collectif en réaction à une agression
extérieure. Selon l’importance du projet, la lutte peut être perçue
comme non globalisante, mais dans ce cas le « pas chez nous » n’est pas
loin. Par ailleurs, toutes les personnes impliquées dans la lutte, loin
des stéréotypes patriarcaux, doivent pouvoir être écoutées, proposer,
décider et agir selon leurs moyens, à condition que les bases
organisationnelles soient égalitaires, telles celles choisies par Stop
mines 03, ni ici, ni ailleurs, où les décisions sont prises lors
d’assemblées générales.
La lutte locale peut être victorieuse, ce qui n’empêchera pas un projet
de même teneur d’être annoncé ailleurs dans le monde. Si cette lutte
n’est pas victorieuse, elle aura permis un lien entre personnes lambdas,
mais aussi une prise de conscience sur ce que pourrait être notre vie
dans une société gérée collectivement, et c’est là une des richesses de
la lutte.
La démultiplication des luttes locales, si elle est nécessaire, n’est
pas suffisante. L’addition ne nous fait pas sortir de notre pré carré et
de ses limites. Elle nous place en défenseurs d’une planète vivable
oblitérant notre réelle préoccupation, celle de notre propre vie. Elle
ne remet en cause qu’une partie de ce que l’organisation économique de
la société capitaliste nous impose. La partition nous empêche
collectivement de nous poser la question de la nécessité sociale de tout
ceci.
La lutte globale a ceci d’intéressant qu’elle présuppose la fédération
des luttes locales en faisant apparaître le responsable unique qui n’est
autre que le capitalisme globalisé. Lutter contre l’extractivisme est
bien le chaînon reliant toutes les luttes locales. Sans l’extraction de
matières premières, pas d’accumulation de capital. Mais n’oublions pas
qu’une moitié de l’humanité est dominée par le patriarcat et que
l’exploitation de notre travail ne profite qu’à des intérêts particuliers.
Alors, les luttes locales globalisant les enjeux qu’elles suscitent
pourraient-elles être les bases de l’organisation future de la société
véritablement sociale, où la liberté, l’égalité et la solidarité pour
tous seraient définies collectivement ?
OCL Moulins – Décembre 2024
Notes
1. Jean-Baptiste Fressoz : Sans transition. Une nouvelle histoire de
l’énergie. Ed. Seuil
2. Fabien Lebrun : Barbarie numérique. Une autre histoire du monde
connecté. Ed. L’Echappée.
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Minerai
P.-S.
Voir aussi sur l’extractivisme et la lutte contre la mine de lithium :
Barbarie numérique. L’exploitation criminelle des métaux technologiques
au Congo (RDC) [http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4319]
Lithium vous avez dit indépendance et quoi encore ! - Collectif de
résistance : Stopmines03
[http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3505]
Allier : la plus grande mine de lithium d’Europe en 2027
[http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3759]
Lutte contre une mine de lithium dans l’Allier
[http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4169]
https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4364
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