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(fr) Alternative Libertaire #356 (UCL) - Luttes trans,réinvestir l’antipsychiatrie

Date Sun, 2 Feb 2025 19:36:04 +0000


Ces derniers mois on été marqué par un intensité inédite des luttes trans en France, face à un projet de loi profondément transphobe. Une lutte marquée par un large soutien du mouvement social, et mais aussi par un oubli : la critique radicale de la psychiatrie comme outil de contrôle social des corps et des personnes. ---- Quel été ! Si la mobilisation générale a commencé pour beaucoup avec les législatives imprévues de Macron et sa dissolution surprise, offrant un chemin parlementaire à l’extrême droite, des militant·es étaient déjà sur le pied de guerre depuis plus d’un mois. Macron a gâché des vacances bien méritées pour nombre de personnes, notamment celles luttant contre un projet de loi anti-trans porté par Les Républicains, annoncé fin avril et devant être voté le 28 mai 2024 au Sénat.

Mai de luttes trans

En mai, des milliers de personnes se sont opposées à la proposition de loi Eustache-Brinio, visant à interdire aux mineur·es de transitionner médicalement. Bien que moins nombreux que lors des rassemblements de juin, cette lutte restera dans l’histoire comme la plus grande mobilisation trans en France, avec plus de 25 000 personnes dans les rues à son apogée.

Des slogans virulents contre le système psychiatrique étaient scandés dans les cortèges de l’Existransinter.

(source anonyme) - AL 356

La loi se composait de trois articles : l’interdiction de la prescription de bloqueurs de puberté et d’hormones aux mineurs pour la transition, la pénalisation de cette prescription pour les soignants, et la création d’un plan national de pédopsychiatrie. Cette loi se voulait une « protection des enfants », bien que de nombreuses études démontrent que les bloqueurs de puberté et l’accès à la transition sont essentiels pour les personnes trans, réduisant les taux de suicide et de dépression.

De nombreuses organisations se sont opposées à la loi, notamment contre l’interdiction des traitements pour mineurs. C’était la première fois que la CGT prenait position sur les luttes trans. Toutefois, peu d’entre elles ont abordé le troisième article, pourtant tout aussi menaçant que l’interdiction de la transition. Seules quelques organisations spécialisées, comme l’Organisation de solidarité trans (OST), ont porté un discours dissociant transidentité et psychiatrie, ce qui demeure difficile pour la plupart des organisations du mouvement social.

En effet, peu d’organisations de gauche critiquent la psychiatrie ou intègrent la lutte contre cette institution dans leurs revendications. Elles préfèrent parler de la réformer ou d’améliorer les conditions des soignant·es, sans jamais écouter les revendications des malades. De la même manière, les juges et matons parlent toujours, jamais les prisonniers ; les enseignants, jamais les élèves.

Il est donc logique qu’aucune organisation politique de masse ne remette en cause la psychiatrisation, bien que ce soit un combat historique pour les ­luttes trans, garantissant l’autonomie corporelle pour les personnes trans comme pour tous les travailleurs et travailleuses.

La psychiatrie, outil de contrôle des personnes trans

La logique de cette proposition de loi s’inscrit dans une vieille stratégie de l’État, qui utilise les institutions disciplinaires pour contrôler les corps en dehors des normes sociales. La psychiatrie, loin d’être un outil de soin, est un mécanisme de contrôle et de normalisation des individus pour assurer leur utilité dans le système capitaliste.

La question trans en particulier est liée à la pathologisation des identités marginales, une pratique née dans le courant du XVIIe siècle. Ne l’oublions pas, la transidentité a été longtemps vue comme une « maladie mentale ». Les réformes récentes n’effacent pas la responsabilité de la psychiatrie, qui continue de maltraiter et d’enfermer les personnes marginalisées.

Les hôpitaux psychiatriques sont des prisons où les patient·es sont bourré·es de médicaments au lieu de solutions alternatives. La psychiatrie classe les individus comme déviants et justifie le traitement et la normalisation des corps en fonction des ­normes sociales, particulièrement pour les mineur·es trans, dont les corps sont perçus ­comme devant être disciplinés pour protéger l’ordre social cis-­hétéro-patriarcal.

En plaçant les minorités de genre sous sa tutelle, ­l’État cherche à les priver de leur autonomie corporelle. L’État cherche à soumettre le corps des prolétaires à ses besoins : des travailleurs qui puissent produire, des travailleuses qui puissent se reproduire et de la chair à canon pour coloniser et maintenir l’impérialisme. Et les trans sont incapables de tout ça, ou en tout cas l’assimilation de leurs identités n’est pas encore arrivée là.

Et ce n’est pas un horizon souhaitable : il serait désastreux que l’intégration partielle ou totale des personnes trans à la société passe par leur participation active et reconnue à l’impérialisme. La lutte antipsychiatrique offre une grille de lecture essentielle pour comprendre et combattre le contrôle social exercé par la psychiatrie, un outil de pouvoir et de domination.

L’antipsychiatrie est une lutte de classe

Réformer l’institution psychiatrique ne suffira pas : seule son abolition permettra de construire une véritable autonomie corporelle. Il s’agit de mettre fin à un système d’aliénation, d’hospitalisations forcées et de traitements imposés. Résister à cette biopolitique signifie remettre en question la hiérarchie des corps et libérer les pratiques médicales des diktats sociaux.

En défendant l’autodétermination, l’antipsychiatrie dénonce le pouvoir des professionnels de santé et propose des alternatives aux modèles pathologisant. Elle invite à repenser la prise en charge de la souffrance psychique en plaçant l’individu au centre.

Pour être crédible, la gauche radicale doit intégrer la lutte antipsychiatrique dans sa critique des systèmes d’enfermement et de pouvoir. Ignorer l’enfermement des « fous » tout en dénonçant les prisons et les violences policières est incohérent. C’est d’autant plus le cas que les pathologies que l’on attribue et que l’on assigne sont souvent la conséquence de conditions de vie difficiles : pauvreté, précarité, violences policières, surreprésentation carcérale, oppressions raciales, etc.

En résumé il faut réaffirmer que la lutte antipsychiatrique est indissociable de la lutte des ­classes et des valeurs que la gauche radicale prétend défendre : la dignité humaine, la solidarité et l’émancipation collective. Ne pas intégrer cette lutte revient à accepter une ­hiérarchisation des souffrances, à légitimer des formes de répression sociale et à occulter une ­partie des opprimé·es au nom d’une vision validiste des rapports sociaux. Si nous voulons incarner une alternative viable au monde capitaliste et patriarcal, nous ne pouvons faire l’impasse sur la question de la santé mentale et des pratiques psychiatriques. La lutte contre la psychiatrie doit être, sans équivoque, une composante de la ­lutte pour une société libérée de toutes les formes d’oppression.

Lizzie et Archie

https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Luttes-trans-reinvestir-l-antipsychiatrie
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