A - I n f o s

Une agence d'actualités par pour et au sujet des anars ** .
Informations dans toutes les langues
Les 30 derniers messages (accueil) Messages des deux dernières semaines Nos archives des anciens messages

Les 100 derniers messages selon la langue
Greek_ 中文 Chinese_ Castellano_ Catalan_ Deutsch_ Nederlands_ English_ Francais_ Italiano_ Portugues_ Russkyi_ Suomi_ Svenska_ Türkçe_ _The.Supplement

Premières lignes des dix derniers messages
Greek_ Chinese_ Castellano_ Catalan_ Deutsch_ Nederlands_ English_ Francais_ Italiano_ Polski_ Portugues_ Russkyi_ Suomi_ Svenska_ Türkçe
Premières lignes des dix derniers messages
Premières lignes des messages des dernières 24 heures

Premières lignes des messages des dernière last 30 days | of 2002 | of 2003 | of 2004 | of 2005 | of 2006 | of 2007 | of 2008 | of 2009 | of 2010 | of 2011 | of 2012 | of 2013 | of 2014 | of 2015 | of 2016 | of 2017 | of 2018 | of 2019 | of 2020 | of 2021 | of 2022 | of 2023 | of 2024 | of 2025

(fr) Alternative Libertaire #356 (UCL) - États-Unis: La fascisation du Parti républicain

Date Fri, 31 Jan 2025 16:51:14 +0000


Le mois dernier, nous faisions une analyse: l'élection de Trump est plus le fait de l'effondrement de l'électorat démocrate que d'une progression du nombre de voix des républicains[4]. Au-delà de ce constat mathématique, cette élection marque une consolidation du Parti républicain sur ses bases les plus radicales et montre sa capacité à unifier de multiples courants de la droite et de l'extrême droite étatsunienne, devenant au fil de ces dernières années un parti de masse d'extrême droite. ---- La transformation du Parti républicain s'est faite sur un temps long, et sa genèse précède la première élection de Trump. Si on peut la faire remonter aux années 1990, avec un durcissement des lignes du Grand Old Party, le premier virage ferme s'opère probablement en 2010, après l'émergence du Tea Party. Né en opposition à Obama et prenant racine dans des idées libertariennes[1], ce mouvement va avoir une grande influence sur le Parti républicain: lors des élections de mi-mandat de 2010, 138candidats ont le soutien du mouvement ou en sont directement issus. Au terme des élections, le Parti gagne 63sièges à la Chambre des représentants et s'assure la majorité. De nombreuses figures commencent à y voir le signe d'une stratégie gagnante: il faut radicaliser le discours, quitte à recourir à des tactiques racistes et mensongères. C'est notamment le Tea Party qui était à l'origine du mouvement des «birthers» et remettait en question le fait qu'Obama soit né sur le sol américain. Cette rumeur avait pris tellement d'importance que le président a été forcé d'y répondre.

Un parti en mutation

Si la victoire de Trump à la primaire de 2016 a été une surprise, elle prenait racine dans la mutation d'un parti en pleine radicalisation. Après une nomination très contestée par l'establishment républicain, sa victoire à la présidentielle va conforter l'idée que ses discours racistes et complotistes sont une stratégie gagnante. À partir de cette élection, tout le Parti s'engouffre dans cette voie, encouragé par divers groupes d'influence. Ainsi, un grand nombre d'anciens «nevertrumpers»[2]se retrouvent dans l'entourage actuel de Trump. Le plus notable n'est autre que son vice-président J.D. Vance, qui qualifiait Trump d'«idiot» il y a huit ans. C'est le principal tour de force de Trump et du Parti républicain ces dernières années: avoir réussi à construire une alliance réunissant toutes les mouvances de la droite et de l'extrême droite états-uniennes.

Parmi ces groupes d'influence, l'un des plus importants est la Federalist Society, organisation conservatrice qui interprète la Constitution des États-Unis dans le sens qu'elle avait lors de sa rédaction en 1787. L'une de ses stratégies est de placer ses membres dans des hauts postes du pouvoir judiciaire. Une stratégie payante: sur les neuf membres actuels de la Cour suprême, six sont issus de l'organisation. Parmi eux, trois ont été nommés par Trump au cours de son premier mandat: une façon de s'assurer le soutien durable de l'organisation, qui tient désormais la plus haute institution judiciaire du pays pour longtemps, les juges y étant nommés à vie. À la suite de ces nominations, l'arrêt Roe v. Wade a été abolit, supprimant la protection du droit à l'avortement au niveau fédéral.

Cette attaque sur le droit à l'avortement était aussi une promesse faite aux groupes religieux qui soutiennent Trump, protestants évangéliques, mais également catholiques intégralistes -version étatsunienne des cathos intégristes-, ayant gagné en puissance ces dernières années au sein du Parti.

Les millions des milliardaires

Le vice-président élu s'est ainsi converti au catholicisme en 2019 après s'être rapproché de ce courant qui se définit comme «post-libéral» et rêve d'une théocratie[3]. Une mouvance qui a put croître grâce au soutien d'une autre figure clé des évolutions du paysage réactionnaire américain: Peter Thiel. Multi-milliardaire, il vient de la pensée libertarienne. Ses positions sont devenues de plus en plus conservatrices au fil des années. Il était en 2022 l'un des plus gros contributeurs du Parti républicain, avec plus de 20millions de dollars de dons. J.D. Vance faisait parti des candidats qu'il a directement soutenu financièrement.

En parlant de milliardaire, difficile de faire l'impasse sur Elon Musk, le patron de Tesla et X (ex Twitter), régulièrement homme le plus riche du monde. S'il est souvent tourné en ridicule, comme Trump et d'autres figures d'extrême droite, il est animé par des projets politiques ancrés de longue date, comme le pro-natalisme, mouvement eugéniste qui pense que les individus disposant d'un «bon patrimoine génétique» doivent se reproduire autant que possible pour améliorer l'humanité. En bon milliardaire, ce sont les lignes libertariennes qui l'attirent le plus, associées à une bonne dose de complotisme. En 2024, il a largement mis à profit sa fortune pour financer la campagne de Trump, versant plus de 277millions de dollars. Il sera chaudement récompensé en étant nommé «directeur de l'efficacité gouvernementale» quelques jours à peine après l'élection, un rôle flou qui devrait lui assurer un immense pouvoir sur l'administration étatsunienne, et alors que l'État est le principal client de certaines de ses entreprises.

Tenir la rue et les urnes

Enfin, si leur part est mineure dans l'électorat de Trump, impossible de ne pas parler ici de la tolérance, voire du soutien, dont Trump a fait preuve au fil des années pour différents groupes violents, des hordes désorganisées de Qanon aux groupes néo-fascistes comme les Proud Boys. En2020, alors qu'on lui demandait s'il condamnait ces derniers, Trump répondait: «Proud Boys, stand back and stand by» («faites profil bas et tenez vous prêts»). Le lien de Trump à ces groupes est bien réel: sans les condamner fermement, il s'assure le soutien des franges les plus radicales, dans les urnes mais aussi dans la rue. Quelques mois après sa réponse, des membres des Proud Boys faisaient partie des assaillants du Capitole.

Des milliardaires libertariens aux milices fascistes, c'est là le tour de force du Parti républicain ces dernières années: avoir réussi l'union des droites qu'elles soient économiques, conservatrices ou radicales, sous une bannière commune, promettant à chaque groupe de servir tout ou partie de ses intérêts. Si le parallèle a des limites, il est tout de même difficile de ne pas voir des similitudes avec le paysage français, entre le ralliement d'une partie de LR au RN lors des dernières élections et le soutien de plus en plus assumé des milliardaires du pays à l'extrême droite. L'exemple étatsunien ne nous apprend pas comment venir à bout de cette alliance mais confirme qu'une ligne réformiste et centriste est vouée au naufrage.

N. Bartosek (UCL Alsace)

Notes:
[1]Le libertarianisme est une idéologie qui s'est développé aux États-Unis et met l'accent sur l'individualisme, le rejet de l'État et la défense de la propriété privée. La plupart de ses mouvances défendent un agenda ultra-conservateur.
[2]Les « nevertrumpers » (« jamais trumpistes ») sont des républicains qui rejetaient fortement la ligne de Donald Trump et sa candidature en 2016.
[3]Benoît Gautier et Ludivine Gilli, « Qui sont les intégralistes catholiques, cette jeune garde conservatrice qui soutient J. D. Vance ? », La Croix, 2 octobre 2024.
[4]« Réélection de Trump: comprendre et résister », Alternative libertaire, décembre 2024.

https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Etats-Unis-La-fascisation-du-Parti-republicain
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe https://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr